Murmures à la jeunesse de Christiane Taubira


Dans un contexte particulier qui fait suite aux attentats, le gouvernement parle de déchéance de nationalité. Si ces mots parlent aux gens, leur implication et mise en place sont très floues pour une grande majorité. Mais pas pour tous comme Madame Taubira, qui nous présente son analyse du sujet ainsi que sa position dans son livre : Murmures à la jeunesse.

Christiane Taubira est une femme politique française. Née en Guyane, elle y commence sa carrière politique en tant que député mais devient particulièrement médiatique de par son rôle de garde des Sceaux, ministre de la Justice de mai 2012 à janvier 2016. À ce titre, elle défend au Parlement le projet de loi ouvrant le mariage aux couples de personnes de même sexe. Son travail à la tête du ministère de la Justice est très généralement salué par la gauche alors que l'opposition juge sa politique pénale laxiste. Chritiane Taubira est une femme de loi et de poids qui n’a jamais eu sa langue dans sa poche, ni peur d’exprimer ses convictions comme en témoignent sa démission de janvier.

Dans « Murmures à la jeunesse », Madame Taubira revient sur les tragédies qui ont secoué la France en essayant à la fois d’analyser les causes qui ont conduit aux attentats mais aussi en discutant les conséquences que de tels actes peuvent avoir comme la déchéance de nationalité. Il ne s’agit pas d’un roman mais d’un essai montrant la complexité du sujet. Le texte est court avec un livre de 94 pages mais dense, avec une succession de réflexion illustrant toutes les questions et les conséquences que le terrorisme et la déchéance de nationalité peuvent amener.

Mon avis : Pour un texte qui se veut court j’ai mis beaucoup de temps à le lire. Les raisons en sont multiples. D’une part il s’agit d’un sujet sur lequel je ne m’étais jamais vraiment questionné. Les attentats ont eu lieu ; quelques hommes responsables des malheurs de beaucoup d’autres, au nom de quoi, de qui ? D’où venaient ces hommes ? Qui étaient-ils ? Et c’est dans ce contexte de questions que Madame Taubira commence son essai et répond brique après brique à toutes ces interrogations en amenant le lecteur vers le sujet clé du livre : la déchéance de nationalité. Comment sanctionner ceux qui, coupables, sont encore en vie ? A grand renfort d’arguments, elle expose son point de vue ; appuyer sur une littérature et une culture très riche. Si dans les grandes lignes, je trouve que l’argumentaire se tient et je comprends son point de vue, comme toute thèse, tous les arguments ne se valent pas comme  par exemple page 78 où pour illustrer son propos, l’auteur met sur le même niveau juif, musulman, femme et homosexuel. Cela m’a parfois perdue au point de devoir relire certains passages plusieurs fois, notamment dans les parties « république » et « appartenance à un état ».  Accompagnées d’un style d’écriture très littéraire, par opposition au mode rédactionnel dont j’ai l’habitude de par ma profession de chercheur, les phrases sont longues et très imagées, voire même parfois complexes avec un sujet qui clôture le paragraphe. Les mots ont été choisis et les champs lexicaux tellement riches que le dictionnaire est devenu mon deuxième bouquin de chevet tout au long de ma lecture. Mais globalement, avec patience et rigueur, phrase après phase, Christiane Taubira arrive à nous faire comprendre son point de vue, à le défendre et à justifier sa démission. Ainsi, pour conclure, je ne dirai pas que je recommande ce bouquin mais je le conseillerai si, comme moi, vous n’avez pas forcément d’avis tranché sur le sujet mais le fait qu’une ministre, qui, pour rester fidèle à ses opinions, démissionne, vous interpelle. 


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